Pointu à Cassis

Pointu à Cassis
Pointu à Cassis (photo Toti)


« C'est ici un blog de bonne foi, lecteur.
Il t’avertit dès l’entrée que je ne m’y suis proposé aucune autre fin que culinaire et privée.
Je n’y ai aucune préoccupation de ton service ni de ma gloire.
Je l’ai consacré à la commodité particulière et gastronomique de mes parents et amis.
Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière culinaire de mon blog :
il n’est pas raisonnable que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain ».


dimanche 19 avril 2009

Montalbano VI - Rougets à l'aigre-doux et Catarella

.
Voici la sixième recette de notre commissaire sicilien...
Dans l'extrait présenté, il parle d'Ingrid, son amie d'origine suédoise.
En avant-propos, nous parlerons plutôt du policier Catarella, standardiste au commissariat de Vigàta. Personnage inénarrable, qui s'exprime dans un sabir "italico-sicilien", truffé de ses propres néologismes et barbarismes. La traduction de ses propos est quasiment "mission impossible".
.
En voici un court exemple :
.
..."Pronti, dottori? E' lei pirsonalmente di pirsona?" "Si, Catarè" "Che faceva, dormiva?" "Sino a un minuto fa sì, Catarè" "E ora inveci non dorme cchiù?" "No, ora non dormo più, Catarè." "Ah, meno mali." "Meno mali perché, Catarè?" "Pirchi accussì non l'arrisbigliai, dottori." O spararlo in faccia alla prima occasione o fare finta di niente..." ("Catarella risolve un caso" in "Gli arancini di Montalbano"" p.77)

- "Allo, docteur* ? C'est vous-même en personne ? - Oui, Catarè. - Qu'est-ce que vous faisiez ? Vous dormiez ? - Jusqu'à il y a une minute, oui, je dormais, Catarè. - Et maintenant, alors, vous ne dormez plus ? -Non, maintenant, je ne dors plus, Catarè ! - Ah, ça vaut mieux comme ça ! - Et pourquoi donc, Catarè ? - Parce que comme ça, je ne vous réveille pas, docteur !" Que faire ? Lui tirer une balle en pleine tête à la première occasion ou ne faire semblant de rien ?..."

* Les Italiens ont l'habitude de s'adresser à un interlocuteur en lui donnant un titre (universitaire ou honorifique : "dottore, cavaliere, architteto, ingegniere...", docteur, chevalier, architecte, ingénieur...).
.

.

Triglie all' agrodolce
.
« Il alla se coucher de mauvaise humeur et il mit un quart d’heure avant de trouver la position qui lui convenait. Mais à peine avait-il fermé les yeux qu’il les rouvrit : n’avait-il pas invité Ingrid à manger ? Et maintenant est-ce qu’il allait devoir se rhabiller, se préparer et sortir pour aller au restaurant ? Le mot « restaurant » provoqua en lui un grand vide entre la bouche et l’estomac. Depuis quand n’avait-il plus mangé ? Il se leva, alla à la cuisine. Dans le réfrigérateur, trônait un plat plein à ras-bord de rougets à l’aigre-doux. Rassuré, il retourna se coucher. » (« La gita a Tindari » p.244)

.
.
Ingrédients pour 4 personnes :
- 16 filets de rougets
- 2 oignons
- 1 orange
- ½ verre de vin blanc sec
- jus d’1/2 citron
- 2 cuillères à soupe de sucre en poudre
- 1 bol de farine
- huile d’olive
- sel et poivre

Peler l’orange à vif et la mixer.
Fariner légèrement les filets de rougets et les faire frire dans un fond d’huile d’olive des deux côtés. Les disposer dans un plat creux et les réserver.
Faire revenir les oignons émincés dans la même poêle, ajouter le sucre en poudre, le vin et faire caraméliser légèrement à feu vif. Ajouter alors l’orange mixée et le jus de citron, faire réduire un peu et napper les rougets de cette sauce.
Faire cuire le tout 10mn au four préchauffé à 180°. Servir aussitôt.
.

2 commentaires:

Anne a dit…

Votre commentaire est juste en ce qui concerne Gallipoli, par exemple. L'Espagne est aussi présente à Martinafranca.
Anne

Unknown a dit…

«* Les Italiens ont l'habitude de s'adresser à un interlocuteur en lui donnant un titre...» c'est charmant et ça colore les échanges.
Dans Rêve de valse de Vitaliano Brancati : «Selon une espèce de convention tacite connue de tout le monde, il qualifiait de «belles» les personnes remarquables à ses yeux et allait jusqu'à affubler ceux qui étaient les plus dignes d'admiration du titre «d'oncles» et de «tantes». Il y avait l'oncle Mazzini. Puis il y avait l'oncle De Sanctis.»