Pointu à Cassis

Pointu à Cassis
Pointu à Cassis (photo Toti)


« C'est ici un blog de bonne foi, lecteur.
Il t’avertit dès l’entrée que je ne m’y suis proposé aucune autre fin que culinaire et privée.
Je n’y ai aucune préoccupation de ton service ni de ma gloire.
Je l’ai consacré à la commodité particulière et gastronomique de mes parents et amis.
Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière culinaire de mon blog :
il n’est pas raisonnable que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain ».


vendredi 28 mai 2010

Pain carasaù

Nous avons toujours trouvé en France du pain "carasau",
et nous pensions qu'il s'agissait d'un produit assez répandu
donc connu.
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Un commentaire d'Anne nous a permis de comprendre
qu'il n'en était rien.
Voici quelques lignes de présentation
sur ce pain d'origine sarde,
(la silhouette de la Sardaigne
est d'ailleurs présente sur tous les emballages...) :

(Merci à Wikipedia qui a un article très complet et très bien renseigné.)
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Le "pane carasau" est un pain connu aussi sous le nom de "carta da musica" (papier à musique), pour sa finesse caractéristique. Il est originaire d'une des régions les plus centrales de la Sardaigne (Provincia di Nuoro), où l'on parle encore un dialecte conservant des traces linguistiques pré-romaines, semble-t-il assez proches du basque.
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Le nom "carasau" dérive de la méthode de préparation qui comporte une phase de "carasatura", c'est-à-dire une cuisson pour le rendre croquant.
Le "carasau" est indissociable du monde des bergers sardes. En effet, ce pain permettait aux bergers d'avoir à disposition un aliment de base qui n'ait pas de problème de conservation. Il était une fois cuit coupé en forme de triangle, et c'est d'ailleurs la forme de la besace utilisée par les bergers pour le transporter.
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Les ingrédients de base sont de la semoule fine ou de la farine de blé et de la levure (de bière le plus souvent).
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La préparation du carasau était un véritable rite qui demandait la participation de trois femmes au moins, amies ou parentes, qui recevaient en échange de l'huile et de la ricotta. Les hommes ne daignaient pas s'occuper de ces basses besognes ménagères.
La pâte était travaillée et étirée en disques superposés séparés par un tissu en lin.
Autrefois, il était cuit dans un four à bois et on commençait la cuisson à l'aube.
Quand le disque de pâte commençait à gonfler, on le retournait, et on y appuyait délicatement une pelle en bois pour homogénéifier la forme.
Une fois cuit, le disque était dédoublé en deux feuilles avec un couteau. C'est à ce moment que devait avoir lieu la deuxième cuisson nécessaire au processus de "carasatura".
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Le carasau peut être utilisé comme biscuit à l'apéritif, tartiné de "pâté d'olives", mais aussi comme du pain normal.
On le trempe parfois légèrement sous l'eau pour le ramollir, mais la manipulation devient très délicate. Du fait de sa préparation spécifique, c'est un pain à longue conservation (la date de péremption est généralement d'un an après préparation).
Dans le commerce il se trouve souvent en une version huilée et salée (pane "guttiau") (voir la photo).
Comme les grandes feuilles rondes de carasau ne sont pas faciles à stocker dans nos placards modernes, elles sont souvent vendues coupées en deux (voir photo également) voire en quatre, rejoignant ainsi les pratiques traditionnelles de transport.
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Une préparation typique est le pain "frattau", on le passe quelques instants dans de l'eau bouillante salée, et on le dispose sur un plat en alternant des couches de sauce aux légumes et de pain ainsi mouillé, ce plat est servi en "primo" en remplacement des pâtes et souvent surmonté d'un œuf poché et de pecorino sardo râpé.
Le pain "carasau" a droit à un de nos coups de coeur...

4 commentaires:

D'Art en Arts a dit…

Pourquoi 3 femmes ?
Suis-je bête, j'ai compris, il aurait fallu au moins 6 hommes...

Totirakapon a dit…

Peut-être même 12 !

Miss Lemon a dit…

Je suis devenue une adepte les "Lingue " que j'adore préparer et déguster ; ces pains me tentent mais cela sera difficile à trouver !
Peut-être en Corse voisinage oblige ?
Merci pour ce coup ce coeur .

Unknown a dit…

De loin, on croit qu'il ressemble au pain pita mais le pain pita n'a rien de croquant. Je nai jamais vu de pain carasaù ici dans les supermarchés mais encore une fois peut-être y en a-t-il dans les boulangeries italiennes de la "Petite Italie" à Montréal ?

Dernièrement, le pain indien naan a fait son apparition dans les supermarchés du Québec.

Linda