Pointu à Cassis

Pointu à Cassis
Pointu à Cassis (photo Toti)


« C'est ici un blog de bonne foi, lecteur.
Il t’avertit dès l’entrée que je ne m’y suis proposé aucune autre fin que culinaire et privée.
Je n’y ai aucune préoccupation de ton service ni de ma gloire.
Je l’ai consacré à la commodité particulière et gastronomique de mes parents et amis.
Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière culinaire de mon blog :
il n’est pas raisonnable que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain ».


mercredi 19 janvier 2011

Les prénoms en chansons (6) : les C

Nous continuons avec la lettre C
et comment ne pas citer
Charlie,

dans "Papa Tango Charlie",
de Mort Shuman,
avec un choeur pas piqué des vers,
où l'on reconnaît notamment
Jane Birkin et Dany,
le nom de la troisième m'échappe...
.
En écoutant cette vieille chanson,
je pensais à ce qu'écrivait Marcel Proust
dans "Eloge de la mauvaise musique" :
"Détestez la mauvaise musique, ne la méprisez pas.
Comme on la joue, la chante bien plus,
bien plus passionnément que la bonne,
bien plus qu'elle s'est peu à peu remplie
du rêve et des larmes des hommes.
Qu'elle vous soit par là vénérable.
Sa place, nulle dans l'histoire de l'Art,
est immense dans l'histoire sentimentale des sociétés.
Le respect, je ne dis pas l'amour, de la mauvaise musique,
n'est pas seulement une forme de ce qu'on pourrait appeler
la charité du bon goût ou son scepticisme,
c'est encore la conscience de l'importance du rôle social de la musique.
Combien de mélodies, du nul prix aux yeux d'un artiste,
sont au nombre des confidents élus
par la foule des jeunes gens romanesques
et des amoureuses. [...]
Le peuple, la bourgeoisie, l'armée, la noblesse,
[...] ont les mêmes invisibles messagers d'amour,
les mêmes confesseurs bien-aimés. Ce sont les mauvais musiciens.
Telle fâcheuse ritournelle que toute oreille bien née et bien élevée
refuse à l'instant d'écouter, a reçu le trésor de milliers d'âmes,
garde le secret de milliers de vies,
dont elle fut l'inspiration vivante,
la consolation toujours prête, toujours entrouverte
sur le pupitre du piano,
la grâce rêveuse et l'idéal. "
Extrait de "Les plaisirs et les jours", Chapitre XIII

4 commentaires:

Gine a dit…

Délicieux et complètement désuet ! Les choristes sont improbables, mais si jeunes et jolies !

Unknown a dit…

Ce texte de Proust comme il peut s'appliquer encore et toujours. Il était vraiment intelligent ce monsieur Proust.
Si on est honnête, on a tous des plaisirs coupables en musique. Quand on interroge les gens, on a tous des titres en tête de chansons qu'on adore et dont on a un peu honte. Croyez-moi c'est juste de l'orgueil, on y a droit à cette musique qui ne se prend pas elle pour une autre...

Linda

Totirakapon a dit…

Très beau texte de Proust, c'est vrai !

Lulu archive Availles a dit…

Ah le Marcel, comme il dit vrai ! J'en parlais hier en tête à tête avec mon fiston de ces ritournelles qui nous évoquent tant de souvenirs malgré nous, bien que nous les ayons méprisées dans notre adolescence, intello branchée. C'est ainsi que Lulu et son crapaud se retrouvèrent un soir un peu arrosé, à chanter à tue tête "Aux Champs Elysées" sous l'oeil époustouflé de la marmaille, on aurait dit Stone et Charden tiens !!!
Merci Toti' pour cette rubrique "Age tendre et tête de bois" que j'adore.
Bises.
Je ne réussis pas très bien le risotto, j'ai laché l'affaire, j'essaierai de m'y remettre promis !