Pointu à Cassis

Pointu à Cassis
Pointu à Cassis (photo Toti)


« C'est ici un blog de bonne foi, lecteur.
Il t’avertit dès l’entrée que je ne m’y suis proposé aucune autre fin que culinaire et privée.
Je n’y ai aucune préoccupation de ton service ni de ma gloire.
Je l’ai consacré à la commodité particulière et gastronomique de mes parents et amis.
Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière culinaire de mon blog :
il n’est pas raisonnable que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain ».


vendredi 26 août 2011

"Brunetti se met à table et ça nous reste sur l'estomac...

Personnnellement,
je suis loin d'être un fan des romans
de Donna Leon.
Je serai assez d'accord avec
les jugements de
Hugin et Munin (clic clic)
"Les enquêtes du commissaire Brunetti s'articulent ainsi :
- le personnage central est un bon père de famille. Il rentre manger chez lui tous les midis pour retrouver sa femme (prof de littérature américaine) et ses deux enfants. Ne comptez pas sur un quelconque rebondissement domestique : le maximum d'intensité dramatique familiale auquel vous aurez droit dans cette série est quand sa fillette s'écrase le gros orteil sur le pied de la table. Son chef est bien évidemment un authentique connard : raciste, bête et arriviste. Brunetti est lui sympathique, ouvert d'esprit, intelligent et désintéressé. Sa personnalité est aussi lisse qu'une toile cirée recouverte de vaseline.
- Venise est à l'honneur. Le commissaire Brunetti passe tellement de temps à marcher dans ses rues ou à voguer sur un vaporetto que l'auteur s'amuse à nommer par le menu détail chaque rue qu'emprunte son personnage. Ne vous attendez pas à une description architecturale évocatrice, à un tableau social réaliste ou une plongée dans les strates de la population locale : c'est un Venise de carton-pâte. Le Palais des Doges, l'opéra, la place St-Marc... ce n'est pas un décor urbain, c'est une carte postale. Bien évidemment, Donna Leon  a vécu non loin de Venise quand elle travaillait à la base militaire américaine du coin, donc elle connaît les us et coutumes des italiens et se permet quelques piques cyniques sur les vénitiens. Donc ses personnages sont beaux parleurs, un peu fourbes, mentent aux impôts... Rien de tel qu'un point de vue américain pour vous donner le goût d'un pays.
- les enquêtes... Ce n'est pas compliqué : les notables sont tous plus ou moins pourris et les seconds couteaux ont de grandes chances d'être siciliens. Vous n'entendrez jamais parlé de l'appareil judiciaire, c'est à croire que les commissaires italiens n'ont aucune loi à respecter. Le nec plus ultra, c'est quand la secrétaire du commissariat claque des doigts et obtient les relevés de comptes des suspects ou la liste de leurs appels téléphoniques. Le mieux que l'on puisse dire, c'est que les enquêtes sont simplistes."




Michel del Castillo parle, lui, de
"Madone des Bobos" : (clic clac)
Une autre Fred Vargas, en somme...
"Pourquoi parler de Donna Leon, auteur honorable, artisan habile et consciencieux ? Elle symbolise la dégénérescence de la lit­térature, sa lente glissade, son américanisation. Elle fait des produits mécaniques, reproduc­tibles, à la fois différents et identiques, tels que les ateliers d'écriture en­seignent à les faire. Parce qu'on les lit avec plaisir, on en vient à oublier ce qui fait l'essence de la litté­rature, cette chose qui ne s'ap­prend pas: le mystère de l'homme, son opacité, sa nuit pro­fonde, cette obscurité où grouillent les monstres."
J'ai donc acheté ce "Brunetti passe à table"
sans grande conviction.
Et effectivement,
c'est une compilation
assez décevante
de recettes italiennes,
 avec l'ajout 
de quelques recettes vénitiennes typiques,
(on trouve même la recette des crêpes!),
d'extraits où Brunetti mange,
et quelques textes inédits,
sans aucun intérêt,
de Donna Leon.
Donc, un achat à éviter...

5 commentaires:

Amartia a dit…

Je n'ai lu qu'un seul Donna Leon, avec plaisir, il est vrai, mais sans retenir cette auteure comme quelqu'un à suivre. La critique de Del Castillo est féroce, mais certainement proche de ce que je reproche à beaucoup d'auteurs à succès, dont la pire est certainement Pancol, c'est ce côté atelier d'écriture.
Pour les recettes, je vais profiter des tiennes !

Anne a dit…

Merci de nous éviter un achat s'il n'est pas vraiment intéressant. Les critiques sont sévères et semblent assez justes, surtout la première. Pour avoir lu deux ouvrages de Donna Leon, j'ajouterai ceci:
- les personnages sont en effet un peu caricaturaux et je n'ai pas apprécié son point de vue sur les Siciliens et les Napolitains;
- l'intrigue est assez banale et sa résolution fantaisiste.

Cependant, à sa décharge, je pense que l'auteure n'a pas l'ambition de faire de la littérature. Elle propose, autour d'une vague intrigue policière, un aimable divertissement dont l'intérêt est de se dérouler à Venise. Ce n'est donc ni un roman littéraire, ni un livre d'histoire, ni un guide touristique, mais seulement un roman policier sans prétention et qui doit donc être considéré comme tel. Quant à la manière molle et approximative dont l'enquête est résolue, cela n'a aucune importance pour le lecteur qui ne recherche pas le réalisme. Je ne fais pas l'apologie des ouvrages de Donna Leon - on en lit un ou deux et cela suffit -, mais je crois qu'il faut les remettre à leur juste place, ni plus, ni moins. L'auteure ne mérite ni qu'on la fustige, ni qu'on l'encense et du reste, cela doit lui être totalement indifférent.
Bon weekend!
Anne

Gine a dit…

Réquisitoire sévère, qui me convainc tout à fait ! J'ai lu un "Donna Leon" et j'ai abandonné ... Trop de romans policiers sont faits sur le même schéma, et ça fatigue : tant pis pour Venise qui mérite mieux que ça !

Album vénitien a dit…

Même déception pour moi.Cela ne valait pas le coup de l'acheter..il me vient à l'idée que Donna Leon commence à tirer sur la ficelle.Pourtant j'ai toujours pris beaucoup de plaisir à suivre Brunetti..mais là...

Totirakapon a dit…

C'est vrai que les réquisitoires sont sévères ! Et que Donna Leon continue à vendre beaucoup de livres et comme dit Anne,je pense que, vu ses tirages et ses droits d'auteur(e), les critiques doivent la laisser assez indifférente...